Introduction

Je suis un artiste visuel. Ce n’est pas seulement un métier, mais aussi une mentalité. C’est cette mentalité qui m’a permis de faire des choses connexes, comme la conception de pièces de théâtre et la réalisation d’œuvres d’art monumentales.
Mais je fais surtout des peintures, parce que je me sens plus à l’aise quand il y a le moins d’actions possible entre moi et le résultat. La plus grande différence entre la peinture et beaucoup d’autres techniques est que vous pouvez toujours changer quelque chose sur une peinture. L’image que vous avez initialement en tête peut se transformer en quelque chose d’entièrement différent au cours du processus de fabrication. Je pense que c’est le plus grand avantage de cette technique.

La peinture

Qu’est-ce qu’une peinture, en fait ? Robert Henri (peintre et professeur américain influent, 1865-1929) l’a appelé « une organisation de la peinture sur toile ». D’accord, mais quel sorte d’organisation ?  Le surréaliste André Breton a écrit que les impressions de l’extérieur sont stockées dans l’inconscient et réapparaissent à travers le langage, les sons ou les images. (Manifeste du surréalisme, 1924)  Quand quelqu’un a demandé une fois à Picasso pourquoi son arbre peint ne ressemblait pas à un arbre, il a répondu : « Parce que c’est mon propre arbre. Un arbre qui obéit à mes lois. »

Une ‘présence’

Mes peintures ne sont pas des véhicules d’interprétation. En d’autres termes, je ne les utilise pas pour raconter quelque chose. Ou pour interpréter ce que je vois. Ils sont avant tout des ‘choses’, des ‘présences’ indépendantes et autonomes. Des objets, c’est-à-dire de la peinture sur une toile tendue sur un cadre. Cependant, il se passe généralement quelque chose sur ces toiles. Elles ne sont pas abstraites, car elles sont le reflet de toute une vie de regard et, surtout, elles sont basées sur ce que d’autres avant moi ont fait. Parfois, elles sont très concrètes – une maison, un arbre, un animal. Mais ils obéissent toujours aux lois que je prescris.

Le grand

J’avais parfois des difficultés à accepter les limites de la peinture, la surface plane, le carré ou le rectangle. C’est pourquoi j’ai non seulement étudié la Peinture à l’Académie, mais aussi l’Art monumental, motivé par l’envie d’entourer le spectateur, pour ainsi dire, avec mes images. Sur commission des autorités nationales et municipales néerlandaises, j’ai réalisé des peintures murales, des mosaïques et des reliefs en béton, et j’ai collaboré à des projets dans lesquels j’ai aidé à concevoir l’espace architectural de mon point de vue d’artiste visuel.
Motivé par cette même envie, j’ai aussi commencé à travailler de plus en plus comme scénographe de théâtre. La collaboration avec d’autres créateurs de théâtre m’a offert la possibilité d’intégrer mon travail autonome au leur. En tant que scénographe, j’ai cherchais à créer des espaces théâtraux ayant un effet visuel et dramatique maximal sur le public.

La petite

Maintenant, j’essaie simplement de faire une ‘Bonne Peinture’. Une bonne « organisation de la peinture sur la toile ». Une peinture basée sur mes propres lois, sur des principes de forme, de couleur et de composition. Et qui sait, peut-être que quelque chose d’autre va émerger, ce qui est inexpressible.

Niels Hamel